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Justice pour Kalinka


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Neuvième journée d’audience
Diana et Boris Krombach se constituent partie civile

Krombach envasé dans un déni invraisemblable
L’équipage Krombach sombre au fur et à mesure que s’allonge la liste des victimes ; ses enfants volent à son secours avec deux avocats supplémentaires.

La mort et le malheur semblent faire cortège avec le parcours qui a conduit Dieter Krombach devant les assises de Paris. Certes, on y juge depuis le 4 octobre les circonstances du décès de Kalinka Bamberski. Mais au-delà des faits, il y a un contexte désolant et morbide au cœur duquel se trouve l’accusé. Or, plus les débats avancent, moins il devient raisonnable de croire que seules la fatalité ou des coïncidences ont conjugué leurs effets autour du médecin Allemand qui clame son innocence.

Conscientes mais absentes
On a revu Svenia hier matin, à l’ouverture de l’audience. Svenia, c’est cette jeune femme embarquée avec sa sœur en Camargue, puis à Londres, le temps de deux week-end qui ont dévasté leur vie. Le docteur Krombach dit les avoir piquées pour leur « donner du fer » ; elles se souviennent surtout avoir sombré dans un profond sommeil, au terme duquel Svenia dit avoir été violée.
La raison eut voulu que la défense de l’accusé se débarrasse rapidement de ce témoin gênant. Mais Me. Yves Levano veut tout savoir : il insiste sur ce qui avait été dit la veille. Il reçoit la monnaie de sa pièce. Svenia redit les mêmes choses, avec les mêmes larmes. Et avec la même indifférence, Krombach réitère ses propos calaminteux de la veille : « Sa mère était folle, c’est une maladie héréditaire ».
Mais la coupe n’est pas pleine. Il reste encore de la lie. L’arrivée de Barbara Fermore va prouver que l’accusé veut la faire avaler jusqu’au bout. Barbara Fermore(1) est une frêle blonde de 47 ans. En 1994, elle avait 30 ans et un goût immodéré pour l’héroïne. Elle entend parler d’un programme de sevrage conduit par le docteur Krombach. La jeune femme a peu de moyens, et le praticien l’embauche quelques heures par semaine pour faire le ménage dans son cabinet à l’heure de la pause, quand les assistantes médicales sont parties.
Un jour, alors qu’elle travaille en principe seule dans les locaux désertés, elle a la surprise de trouver le docteur Krombach à son bureau. Ils parlent. Elle demande une ordonnance de Diazepam pour calmer les affres du manque. Le docteur ne trouve pas l’idée très bonne. Il lui suggère plutôt une piqûre.
« Dès que le produit est entré dans ma veine, ma tête a tourné. J’étais consciente, mais dans l’incapacité de faire quoi que ce soit de mon corps. Je me suis étendue sur le sofa. Le docteur Krombach m’a déshabillée. Je voulais résister, mais d’un doigt il parvenait à me repousser. Il s’est déshabillé à son tour et m’a violée ».
Un autre témoignage, exposant un scénario strictement identique, sera ensuite lu à l’audience en l’absence de l’intéressée. Il s’agit de Nicole Liedl-Muller qui avait 14 ans à l’époque. Elle ne connait pas Barbara Fermore, mais elle emploie presque les mêmes mots : « après la piqûre, j’étais consciente mais comme absente de mon corps, je ne pouvais plus réagir ». On le devine, elle aussi a été violée.

Grossière ironie
A chaque fois, Dieter Krombach aura, sinon les mêmes mots, mais les mêmes attitudes où se mêlent indifférence et dédain. Quand on lui demande ce que lui inspire la présence de Barbara Fermore à la barre, et s’il peut commenter les accusations qu’elle vient de porter, il joue les étonnés : « Aucune idée. Je n’ai jamais vu cette jeune femme. Quand elle est entrée je me suis même dit « tiens, qui c’est ? ».
On n’en saura pas davantage quant à la crédibilité de la déposition de Nicole Liedl-Muller. Mais ce coup-ci, l’humour teuton en plus : « Lidl, c’est un nom de magasin. A part ça, ça ne me dit rien ».
Mais les grossièretés ne s’arrêteront pas là. A une question de Me. Parra-Bruguière, l’avocat de Danielle Gonnin qui lui demande « quel intérêt auraient ces jeunes femmes à faire des kilomètres pour venir mentir ici ? ». Krombach a une idée : « elles profitent d’un voyage à Paris offert par la Justice française ». Et il insiste : « normal, elles ne sont pas riches, et Paris ça fait rêver ».
Enfin, on a lu à l’audience le casier judiciaire du Dr. Krombach, condamné en 1997 pour le viol de Laura Stehle, celle par laquelle commence le déclin du médecin de Lindau, il essuie ensuite un redressement et une condamnation pour fraude fiscale en 2005, et en 2006 une nouvelle condamnation pour exercice illégal de la médecine.
Cette dernière condamnation amène foule de surprises, il apparait en effet que, interdit d’exercer la médecine suite à sa condamnation pour le viol de Laura Stehle, Dieter Krombach est parvenu à effectuer des remplacements dans diverses cliniques ou cabinets de sa région. Vingt-huit au total entre 2000 et 2006… à l’issue desquels il fait l’objet de signalement ou de plaintes pour des gestes déplacés envers des femmes.
On constatera que ses ex-épouses ou maîtresses présentent Dieter Krombach comme « une homme sachant mettre les femmes en valeur, plein d’attentions et de considérations ». Ceci est sans doute vrai, et cette remarque vaut pour celles qui se sont montrées consentantes. En revanche, il semble avoir eu des comportements radicalement opposés à l’égard de celles qui se montraient insensibles ou pire, tentaient de se dérober à son charme. Le « docteur Jekyll et mister Hyde(2) » de la séduction est aussi un homme qui aime les femmes autant qu’il peut les avilir.
On le devine, sans présumer de l’impression qu’en auront recueillie les jurés, cette neuvième journée ne devrait pas être des plus profitables à la victoire de la cause défendue par le médecin de Lindau.
Reste qu’on ne sait toujours pas comment Kalinka Bamberski est morte. Bien sûr, on reposera sans doute la question au docteur Krombach, notamment mardi lorsque le médecin légiste (enfin retrouvé et convoqué) qui a pratiqué l’autopsie sera dans le prétoire pour livrer son témoignage. Toujours est-il que, quels que soient les éléments qui pourraient plaider en faveur d’un doute, on voit mal lesquels pourraient avoir suffisamment d’épaisseur en crédibilité et de densité en émotion pour renverser la tendance qui paraît s’être dessinée ces trois derniers jours.

A.J-K


Diana et Boris Krombach parties civiles

Les enfants de l’accusé, Diana et Boris, se sont constitués hier partie-civile au procès et ont été « reçus », dans leur constitution. En clair : ils ont nommé deux avocats pour obtenir réparation du préjudice lié à la mort de leur sœur Kalinka. « Vous êtes sûrs de vouloir demander à votre père des dommages et intérêts au cas où il serait reconnu coupable ? », a interrogé la présidente. Hésitation de la part de Diana, la seule présente à l’audience : « Je veux la vérité sur la mort de ma sœur, et je me sers de ce moyen pour pouvoir intervenir dans le débat et poser des questions ».
Pour les avocats d’André Bamberski, Me. Laurent de Caunes et François Gibault, il faut chercher ailleurs la vérité de cet élan subit : « La manœuvre est énorme, ils viennent se battre pour plaider l’acquittement et certainement pas parce que, 30 ans après, Diana et Boris découvrent que leur sœur leur manque. Ils viennent ajouter deux avocats à la défense ». Pour Danielle Gonnin, Me. Alexandre Parra-Bruguière, voit dans cette stratégie, une version judiciaire du « Bal des hypocrites » : « On se sert de la mort de Kalinka pour venir au secours de celui qui est peut-être à l’origine de cette mort ».
La présidente a jugé « recevable » la position adoptée par Diana et Boris Krombach. La première sera défendue par Me. Romain Bonnet, le second par Me. Adrien Mamère.


La neutralité diplomatique de l’entreprenant M. Catoire(3)
« Moi, je discute avec les Ministres, le Président du conseil constitutionnel. Moi, j’ai mis en œuvre les accords de Schengen » : Monsieur Catoire est diplomate et il le fait savoir. C’est un Allemand dont le regard clair fait a minima, le point sur la ligne bleue des frontières de la Communauté européenne. Tout ce qui est en-deçà est un peu flou pour lui. Il le fait savoir : « Oui, j’ai bien entendu parler de M. Krombach, mais je n’avais pas de temps à accorder à ce dossier ». Bien. C’est pourtant lui qu’on a vu, dès potron-minet, hanter les coulisses de la cour d’assises de Paris, ce jour de 1995 où Dieter Krombach devait être jugé par contumace. A-t-il volé ces instants sur le temps précieux qu’il se devait consacrer à sa « vraie » mission qui, on l’aura compris, était bien loin de ces contingences ? D’abord, il ne répond pas, ou plus exactement, il répond à côté car M. Catoire est un équilibriste dialecticien. Puis, de guerre lasse, il finit par lâcher : « je n’étais pas un électron libre ». On n’en saura pas davantage.


(1) Nom rendu phonétiquement.
(2) Voir la chronique de la huitième journée.
(3) Nom rendu phonétiquement.


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