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Justice pour Kalinka


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Sixième journée d’audience
Le procès entre dans la nuit tragique

Krombach se refait et se défait la santé

L’accusé, on le sait, n’a plus la forme de ses vingt ans. On a pu constater hier que les témoins qui lui sont favorables ont un effet revigorant, alors que quand s’annonce une déposition gênante ses avocats ne manquent jamais de rappeler que le malaise le guette. Ainsi, il a pu entendre dans de bonnes conditions les déclarations de son fils Boris et de sa seconde fille Katia (son troisième enfant). Toutefois, en dépit d’une sieste, ses défenseurs ont eu l’immense regret de devoir dire qu’il était « confus et désorienté », au moment où il a été appelé à donner sa version des faits.

Les Krombach, une famille brisée
Boris Krombach, 46 ans aujourd’hui, est issu de la première union de Dieter Krombach. Katia-Christina, 20 ans tout juste, est la fille qu’il a eue avec sa troisième épouse.
L’un et l’autre ont été entendus hier. L’aîné, Boris a connu Kalinka Bamberski, la victime. Katia-Christina a vécu avec le fantôme de l’adolescente défunte. Quoi qu’il en soit, l’un et l’autre disent « ma sœur », en parlant de Kalinka et tous deux évoquent « une famille brisée ». Boris, parce que son enfance s’est arrêtée net au matin du 10 juillet 1982, date de la mort de Kalinka. Katia-Christina parce qu’elle a vécu de façon plus ou moins directe, les déboires judiciaires de son père qui, outre les suspicions qui l’entourent quant au décès suspect de Kalinka a dû se battre sur d’autres fronts (un procès et des accusations) liés à des écarts sexuels, présumés pour certains, sanctionné pour un autre.
On peut aisément comprendre que le décès de cette sœur a bouleversé Boris qui n’avait qu’un an d’écart avec elle : «Je ne peux pas oublier. En vérité, je crois que je n’ai jamais cherché à avoir de détails sur ce qui a pu se passer. Je crois que j’ai été très traumatisé, et je le suis encore parce que je pense toujours à Kalinka ». Il parle en homme sobre, sans haine et, comme sa sœur Diana(1) il demande « des preuves et non pas des soupçons » avant que la cour ne scelle le destin de son père.
On devine aisément que Katia-Christina a pu être bouleversée : « j’ai toujours connu mon père affecté par ce décès, et sans doute cela a-t-il influencé l’homme qu’il est devenu ». Une chose la taraude cependant : « si vous condamnez mon père, ce ne sera pas à de la prison, mais à mort, car il ne ressortira pas vivant », plaide-t-elle. Elle ouvre son cœur, débordant des sentiments les plus antagonistes. Vengeur parfois : elle en veut à André Bamberski pour l’acharnement qu’il a mis à aller jusqu’au bout de la procédure.

Des témoignages loin des faits
Toutefois, comme on l’a vu avec l’oncle Michael Heinze(2) , venu déposer contre Krombach, le mieux est l’ennemi du bien. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, la virulence de la jeune femme devient embarrassante dans ses excès –parfois bien naïfs, notamment lorsque, sur la base de ses cours de psychologie, elle s’applique à exposer aux jurés qu’André Bamberski est « enfermé dans une phase de deuil » et qu’il devrait « passer à l’étape suivante ».
Ainsi, si l’on comprend que Krombach a gardé l’affection des siens qui, légitimement, avaient rêvé d’une vraie famille, ces témoignages se révèlent assez peu efficaces quant à la manifestation de la vérité.
C’est une constante dans les procès : trop en empathie, les proches peuvent certes mettre du baume sur l’image bien souvent dégradée de l’accusé, mais leurs discours amènent généralement assez peu d’informations quant à ce que recherche la Cour. En l’occurrence, ici on se demande encore ce qui a pu se produire dans la nuit du 9 au 10 juillet 1982.

Après la sieste, les faits
Au sortir de la sieste qu’il a pu faire après le témoignage de ses enfants, le Docteur Krombach s’est réveillé, selon ses avocats, « dans une grande confusion temporelle ». En clair, il se croyait au matin d’un nouveau jour. Ses défenseurs ont alors suggéré de « ne pas trop le fatiguer », juste au moment où il allait être interrogé sur ses faits et gestes dans la nuit où le drame de Kalinka s’est joué.
Jugeant qu’on pouvait passer outre cette coïncidence, la Cour fait remarquer que le procès doit avancer. Alors, Dieter Krombach se lève et, comme d’usage, il rappelle à tous ses titres de grand médecin diplômé. Mais, ce coup-ci, le président qui, comme tout un chacun, connait désormais son CV par cœur, le presse d’aller droit au fait : les faits.
Ceux qui ont suivi le premier procès diront que l’accusé n’a guère changé. Les autres s’étonneront. Quand Dieter Krombach s’engage dans un exposé, il dévide son fil de façon cohérente jusqu’au moment où il perçoit que sa version vient buter sur des indications apportées par un témoignage. C’est à ce moment-là, en général, qu’il devient confus. Sieste ou pas.
Ainsi, hier, quand il a raconté le retour au logis de sa fille Diana qui, ce triste soir était sortie, Dieter Krombach explique tout d’abord qu’il a discuté avec elle « dans l’escalier ». Mais, se rendant compte que la semaine dernière, Diana s’était évertuée à expliquer qu’elle n’avait pas vu son père mais qu’elle s’était contentée de lui parler à-travers une porte, le docteur préfère parler du chien. Il se livre alors à un exposé sur le danger sanitaire qu’il y a à détenir chez soi un animal domestique.

Un « calmant » qui énerve
De la même façon, interrogé sur un « calmant » que lui aurait réclamé « Kalinka qui avait du mal à dormir », il se heurte soudain à ses propres déclarations faites par écrit quelques semaines plus tôt. Ce qui fait qu’au terme d’un discours emberlificoté, nul ne saura si Kalinka s’est levée pour demander le fameux « calmant » ou s’il l’a entendue réclamer. Voire, dans une autre version, livrée en début d’audience, on a cru apprendre que Kalinka, Diana et lui, s’étaient croisés simultanément au rez-de- chaussée de la maison.
Idem, lorsqu’il s’est agi de savoir quels produits il avait injecté à Kalinka, et en quels endroits de son corps, quand il a entrepris de la « réanimer ». Choix d’autant plus discutable que, selon ses propres dires, l’adolescente était en état de rigidité cadavérique. A tout prendre, quand les questions que lui posent ses accusateurs sentent un peu trop fort le piège, quand à l’orée de sa réponse il pressent que ses adversaires guettent la contradiction, Krombach explique qu’il ne se souvient plus : « trente ans, c’est trop loin, je ne sais plus » devient alors sa phrase récurrente, qu’il répète comme une antienne, ou une fin de non-recevoir.
Pressentant que ce genre d’attitude pourrait finir par produire une mauvaise impression, voire devenir irritant, ses avocats volent à son secours. Et, encore une fois, le mieux guettant toujours le bien, ils parvinrent à lui faire dire, dans la plus complète des contradictions avec ce qu’il affirmait quelques minutes plus tôt… qu’il n’avait finalement pas vu Diana dans la nuit. Avant de finir sur cette question : « Aviez-vous déjà vu des morts durant votre carrière ? ».
« Des centaines ! », a répondu le docteur bardé de titres… et d’expérience.

A.J-K


Horaires aménagés
Aujourd’hui, pour respecter le temps de repos prescrit par les médecins, le président a suspendu l’audience du matin. Les débats se dérouleront uniquement dans l’après-midi. On attend l’audition des médecins allemands qui ont procédé à l’autopsie de Kalinka.

(1) Voir la troisième journée d’audience

(2) Voir la cinquième journée


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